SIMON DENNY : L'ART ET L'INDUSTRIE TECHNOLOGIQUE
Ailton Krenak. Photo de Matthieu Jean Marie Lena / ISA
« Il y a beaucoup d'acteurs qui utilisent l'art comme un moyen de décortiquer différentes parties de la vie et de la culture »
Simon Denny est un artiste contemporain néo-zélandais basé à Berlin, en Allemagne. Il réalise des expositions qui décortiquent les implications sociales et politiques de l'industrie technologique et l'essor des réseaux sociaux, de la culture des startups, des blockchains et des crypto-monnaies, en utilisant une variété de supports, notamment l'installation, la sculpture, l'impression et la vidéo. Des récentes innovations technologiques à l'extraction et la distribution de données, la pratique de Simon explore la façon dont la technologie façonne les organisations gouvernementales, la culture et l'économie.
Le travail de Simon s'inspire de la psychologie de la nouvelle économie des médias, invoquant les "clouds" de big data et la pression constante pour "mettre à jour" nos vies. Ce faisant, il pose un regard critique sur les modèles capitalistes d'entreprise qui sont régis par une logique d'extractivisme.
Selon les mots de l'artiste : « Si les humains savent que le changement climatique existe, c'est grâce aux appareils de mesure, aux stratégies et aux systèmes de classification. Mais ceux-ci sont, en eux-mêmes, potentiellement en train d'aggraver la situation...Au lieu d'être un agriculteur, vous construisez un Google ou un Facebook, l'une
de ces grandes plateformes mondiales, au lieu de garder des moutons sur vos terres, vous gardez des données dans le "cloud" (installation de stockage). Vous monétisez non pas la laine, mais les données que vous collectez... L'extraction est le mot-clé. Il y a l'extraction des minéraux du sol, l'exploitation minière. Mais il y a aussi l'extraction telle qu'elle fonctionne dans les données et les modèles capitalistes de plateforme d'affaires. »
Récemment, Simon s'est concentré sur la technologie blockchain, un système de tenue de registres numériques qui a gagné en popularité ces dernières années. Dans son exposition solo Mine (2018-2021), il a abordé différentes manières d'extraction environnementale, politique et technologique. Parmi les œuvres exposées figurait Extractor, un jeu de société inspiré du jeu agricole australien Squatter, mais contrairement à son original, les joueurs d'Extractor devaient cultiver des "données". Mine était également accompagné d'un dispositif qui collectait les données des visiteurs au fur et à mesure de leur parcours dans l'exposition. L'objectif de l'artiste était donc de présenter l'extractivisme comme un paradigme de l'attitude humaine envers la planète et les autres humains.
Simon s'entretiendra avec le philosophe Tobias Rees lors du débat sur la Durabilité à l'ère numérique, qui sera diffusé en direct le vendredi 11 février à 16h45 (CET).
Vue de l’exposition Mine, 2021. Photo: Jesse Hunniford/Mona
Vue de l’exposition Mine, 2021. Photo: avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Petzel Gallery