DÉBAT DE VERBIER
Débat de Verbier + Questions/réponses en direct | Video de Crossmark | 1:01:19
Points clés du débat de Verbier :
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Les artistes sont appelés à montrer une conscience de la crise écologique dans leur travail et leur vie personnelle.
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L'art et la science devraient unir leurs forces pour promouvoir des actions autour de la crise écologique.
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Les institutions jouent un rôle important dans l'accélération du développement durable.
Le débat de Verbier (1:01:19) est animé par le directeur académique du Summit, Jean-Paul Felley, et comprend les éléments suivants :
03:13 - Claudia Comte, artiste contemporaine suisse
07:44 - Tom Battin, professeur de sciences environnementales à l'EPFL
14:09 - Madeleine Schuppli, responsable des arts visuels à la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia
18:56 - Hedy Graber, responsable de la Direction culturelle et sociale à la Fédération des coopératives Migros
25:29 - Discussion de groupe
49:40 - Questions-réponses en direct
Le débat Verbier s'est articulé autour des 3 thèmes principaux du Verbier Art Summit 2021 : ESPOIR, AVENIR et CONFIANCE. Les panélistes ont discuté du rôle de l'art, de la science et des institutions culturelles dans la lutte contre la crise écologique et la promotion de changements positifs. Jean-Paul Felley, directeur de l’EDHEA, l’école de design et haute école d’art du Valais et directeur académique du Summit, a contribué au programme du Verbier Art Summit 2021 de multiples façons. Il a invité les intervenants suisses du débat de Verbier et a également organisé une collaboration avec ses étudiants du programme Master of Art in Public Spheres (MAPS) et du département des arts du son.
Il est important que les artistes montrent une prise de conscience de la crise écologique en adoptant des pratiques artistiques durables, mais aussi en modifiant leurs choix de vie personnels.

Claudia Comte, I Have Grown Taller from Standing with Trees, 2019. Photo de Roman März, avec l'aimable autorisation de l'artiste et de Copenhagen Contemporary.
Claudia Comte explique comment sa pratique artistique et sa vie personnelle sont liées à la conservation écologique. Selon elle, les artistes doivent s'attaquer aux problèmes de notre époque et il n'y a pas de problème plus grave que la crise écologique actuelle. Le fait d'avoir grandi dans la nature a fortement influencé son travail, qui est axé sur l'environnement et les matériaux naturels tels que le bois d'origine locale. Elle nous invite à prendre conscience de l'empreinte que nos activités laissent en expliquant comment elle a rendu son travail et sa vie personnelle plus durables. Par
exemple, elle a acheté une maison autonome dans la campagne bâloise (qu'elle explique en détails dans sa conférence au Summit 2021), elle a cessé de manger de la viande et a réduit ses déplacements. En ce qui concerne ses pratiques artistiques, elle évite l'utilisation de peintures contenant des toxines nocives, plante un arbre pour chaque sculpture en bois créée et travaille principalement au niveau local pour éviter le problème du transport de ses œuvres. Madeleine Schuppli a ajouté qu'elle pense que les artistes - en particulier les jeunes artistes - sont tout à fait conscients de la situation écologique et que le plus gros problème est le « cirque de l'art », c'est-à-dire les déplacements pour assister à des expositions et à des foires d'art, qui consomment beaucoup de ressources. En outre, Madeleine évoque l'obsession du monde de l'art de toujours produire de nouvelles œuvres comme une pratique non durable.
L'art et la science devraient unir leurs forces pour promouvoir des actions autour de la crise écologique en s'engageant dans des initiatives collaboratives et multidisciplinaires.

Tom Battin, Gletscher / Glaciers
La science est extrêmement importante pour comprendre les implications de l'Anthropocène : une nouvelle ère qui n'est plus façonnée par les processus géologiques naturels, mais par les activités humaines. Les recherches scientifiques de Tom Battin se concentrent sur la vie invisible des rivières qui drainent le toit de notre planète, aujourd'hui menacées par le changement climatique plus que tout autre écosystème sur Terre (qu'il explique en détails dans sa conférence au Summit 2021). Afin d'envisager un avenir pour
nous-mêmes, nous devons accepter le fait que les humains font partie des lois naturelles universelles et cesser de vénérer une croissance économique indéfinie. Selon Tom, les scientifiques devraient être créatifs comme des artistes afin de dépasser les frontières de la connaissance. Tom est également photographe et reconnaît l'importance de faire converger son côté scientifique et artistique pour mieux comprendre l'environnement. Hedy Graber est d'accord sur ce point, soulignant l'importance de promouvoir des projets collaboratifs et multidisciplinaires entre artistes et scientifiques. Hedy mentionne son affection pour la nouvelle génération qui pense sans frontières et en dehors de sa propre discipline.
Les institutions culturelles et artistiques ont le pouvoir d'avoir un impact en soutenant des artistes et des projets engagés sur le plan écologique.

Alan Bogana (artiste ayant participé à « Home not alone »), Images trouvées, extraites de Polarising Times, 2020
Madeleine explique comment la fondation Pro Helvetia, dont la mission est de promouvoir l'art suisse, s'est intéressée aux questions relatives à l'environnement. Elle cite en exemple le projet « Home not alone », qui vise à réduire les déplacements en mettant les artistes en relation virtuellement. De même, Engagement Migros, un fonds de développement soutenant des projets pionniers, a également financé des projets à vocation écologique, comme l'initiative #MoveTheDate, qui vise à repousser le jour où la population suisse aura épuisé toutes ses ressources naturelles. Engagement Migros complète les activités de financement du Pour-cent culturel Migros, une initiative volontaire de Migros dans les domaines de la culture, de la société, de la formation, des loisirs et de l'économie. L'un des projets du Pour-cent culturel Migros est « m2act », qui encourage les structures durables dans le domaine des arts de la scène. Hedy explique comment le Pour-cent culturel Migros vise à rendre la production artistique plus durable en investissant à la fois dans la partie idéation des projets, mais aussi dans leur diffusion qui a lieu localement dans toute la Suisse. Elle estime qu'il faut avoir confiance en l'avenir, même s'il peut sembler difficile à imaginer, et maintenir une approche ouverte à l'expérimentation. Madeleine conclut en disant que les objectifs économiques sont souvent perçus comme étant en conflit avec les objectifs écologiques. Cependant, nous devons réunir ces deux perspectives, afin d'agir rapidement et efficacement.

Manaka Empowerment Prod., Black. Space. Race. Photo de Janosch Abel.
Unplush, Of Humans and other Artifacts. Photo de Roman Brunner.
M2act soutient les projets de cocréation qui contribuent à des pratiques durables, un projet de financement et de réseau du Pour-cent culturel Migros pour les arts de la scène. Cliquez ici pour en savoir plus.
